L’observation des baleines est menacée
Depuis bientôt 20 ans, une, deux ou trois centaines de baleines à bosse fréquentent les eaux réunionnaises entre juin et août, lors de leur migration annuelle. La Réunion est ainsi devenue un des plus importants spots d’observation des cétacés, et l’un des derniers endroits au monde où il est possible de les voir dans l’eau.
Les clubs de plongée associatifs et commerciaux ne manquent pas ces rendez-vous annuels. Forts de leur expérience, de leur statut d’APS et de leur agrément jeunesse et sport, ils sont les seuls à proposer un encadrement adapté à l’observation des baleines dans leur milieu naturel en randonnée subaquatique. Cette découverte est très encadrée : Une charte d’approche a été mise en place pour éviter le stress des mammifères, en concertation avec les différents opérateurs locaux de la nature, du tourisme et les représentants de l’Etat. Les observateurs, équipés d’une combinaison, d’un masque, de palmes et tuba, groupés et encadrés, attendent que la baleine ou son baleineau prennent l’initiative de l’approche. Les groupes sont limités à dix personnes à la fois et ne vont pas à l’eau quand les baleines sont actives. Le respect de la charte permet aujourd’hui de réguler l’approche, loin du tourisme de masse. Aucun accident n’a été déploré, et les mammifères se laissent observer très pacifiquement.
L’Etat souhaite réglementer la mise à l’eau près des baleines, peut-être du fait de pratiques individuelles, non encadrées et irrespectueuses. L’enquête publique était en cours début juin. Clubs, SCA et Comité régional de la Réunion, se sont mobilisés pour expliquer leur pratique et faire part de leurs craintes. Celles-ci ont été relayées au niveau national par la FFESSM. En effet, les restrictions horaires envisagées vont concentrer l’observations des baleines sur quelques heures le matin, risquant d’accroître le stress de l’animal et de poser des problèmes de sécurité. Ils déplorent que l’observation dans l’eau soit trop souvent considérée, depuis Paris, comme une menace pour l’espèce alors qu’elle constitue un support d’éducation et d’émerveillement en même temps qu’un levier pour l’économie locale.
Sécurité, respect du milieu naturel et potentiel économique
Jean-Marc Charel, Président du Comité régional, accompagnée de Sylvie Gauchet, vice-présidente de la FFESSM, ont rencontré le 12 juin 2019 le sous-préfet de Saint Paul, Monsieur Olivier Tainturier, en charge de la mer. Ce fut l’occasion de rappeler les missions que la FFESSM porte dans le cadre de sa délégation, ainsi que le poids socio-économique du secteur de la plongée à la Réunion. La stratégie maritime de l’île n’est que très marginalement structurée aujourd’hui malgré les atouts indéniables de son environnement marin et du potentiel pour le tourisme et pour l’économie locale. Nous apprenons en direct, avec une grande satisfaction que le projet de réglementation vient d’être abandonné.
L’actualité « baleine » et l’attractivité qu’elles suscitent, ont permis de poser le triptyque nécessaire la durabilité des activités subaquatiques en mer : sécurité, respect du milieu naturel et des espèces, et potentiel économique.