Carnet de voyage - Safaga 2023

Camille, plongeuse en situation de handicap, nous partage l'expérience qu'elle a vécue lors de son stage de plongée à Safaga (Egypte).

Carnet de voyage,

Je m’appelle Camille, plongeuse en situation de handicap, de Nice, et je pars plonger en Egypte à SAFAGA… Je retrouve avec joie cet après-midi mes moniteurs, camarades et accompagnants du comité SUD à l'aéroport de Nice. Très chouettes retrouvailles ! Excepté une semaine en Norvège quelques jours en Espagne et en Italie je n'ai pas quitté la France depuis 20 ans. Nous nous enregistrons plus ou moins tous vers 17h30. Au final, le vol n'est qu'à 20h50. Nous patientons dans un renfoncement, le retard de l'avion dans la bonne humeur et les histoires des uns et des autres. Parcourir les longs couloirs avec le fauteuil sortir son passeport à chaque douane et un pas vers une aventure humaine, un voyage extraordinaire

Une nuit chaotique en avion entre repas de Turkish Air Line, décibels des explications de l'hôtesse ou du commandant de bord, escale à ISTANBUL, attente, speed, passeport, boarding pass, portique, fouille, un cache-cache géant entre Emma et moi avec une voiturette et un fauteuil électrique. Finalement elle arrive avant moi dans l'ascenseur immense de l'aéroport après avoir passé les écrans géants et les couloirs qui n'en finissent pas. Redécollage de Turquie, et arrivée en avion à Hurgada au petit matin. Passeport, visa, attente à nouveau, regroupement, et après nous montons dans les minibus direction sud, et suivons la grande route de SAFAGA avec la conduite égyptienne, avec de grandes accélération après chaque dos-d’âne. Nous arrivons enfin à l'hôtel Amarina où l'accueil dans le hall climatisé nous offre des canapés très confortables. On a enfin nos chambres, dodo bien mérité, puis une journée de récupération entre mer et piscine… Nous sortons doucement de notre état comateux après une quasi nuit blanche.

La mer Rouge... enfin ! Arrivés sur le bateau à 9h, nous arrivons sur le site de Tobia Kebir après une demi-heure de navigation, nous immergeons notre masque dans l'eau turquoise à 24°.
Je plonge avec Gaëlle et Denis, notre trio n'en revient toujours pas de la multitude des coraux si beaux et si vivants ainsi que de tous les poissons colorés que nous pouvons voir.
Les petits poissons orange de la mer Rouge se fondent complètement dans ces massifs coralliens diverses. Les anémones cachent souvent un petit poisson-clown ou deux car ils sont généralement en couple et ou une pouponnière bien souvent aussi. Une raie à pois bleus, posée dans le sable, nous interpelle. Les petits poissons coffre avec leurs nageoires qui papillonnent sont tellement drôles que je reste à essayer de les observer. Rester en lévitation, s'équilibrer me semble difficile heureusement Denis est là pour me soutenir, me rétablir, m'aider. Il est mon stabilisateur.  Il faut une grande complicité pour se comprendre dans l'eau : un regard, une réaction, une pression sur le bras ou l'épaule.

Les rhumes arrivent plus vite que prévus. Clim chaleur clim...rhume. Après quatre plongées magiques mes oreilles qui ne passent pas m'incitent à faire du snorkeling : voir la multitude  de poissons  papillons, anges, cochers, flûtes, balistes bleus ou Picasso, chirurgiens, demoiselles footballeur , fusiliers, bagnards, labres, mérous, carangues, raies pastenague, poissons perroquets, murènes javanaises, poulpe, Napoléon et même une tortue...

Grâce à un vœu qui m'a été exaucé, le troisième jour le bateau Calypso a le droit à une danse de dauphins qui s'amusent à sauter et à jouer sur les vagues du bateau d'en face. Les sifflements de l'équipage les incitent à rester jouer avec les vagues Sur le site des sept patates, qui est notre site de prédilection, Gaëlle s'amuse à filmer une raie pastenague pendant que Denis et moi contemplons les incroyables  poissons qui tournent autour des patates : des centaines d'anthias, des rascasses et poissons scorpions. Impressionnant toute cette vie.

Le site de Soma Garden nous ravit tout autant avec ses coraux de toutes sortes de formes, de matières et de couleurs. Un fond marin incroyable doté de consistance et de couleur fantastiques, on retrouve des bénitiers comme des bouches d'un bleu intense qui se ferme quand elle sent un courant inhabituel, des coraux violets, roses, jaunes avec des petites tiges fleuries ou bien des pétales de rose qui dansent avec le courant. Aussi je vois des spirographes qui nous montrent leur fleur aérées qui se referment aussi quand ils détectent une présence.

Exceptionnellement, j'ai pu changer de bateau. Je n'ai pas vraiment eu le temps de dire au revoir à tout l'équipage du Calypso, la gentillesse du capitaine Greg, et les Égyptiens costauds nous mettant en confiance, nous équipant, nous déséquipant...ils sont là pour nous, avec nous. Quand on monte à bord, thé et café de bienvenue nous est offert avant chaque plongées, un petit briefing du site et des choses à voir et après les plongées, un petit jus de fruits frais nous est offert suivi d'un goûter ou d'un bon repas. Leur rythme et leur vie semble raccord avec la mer Rouge. C'est peut-être sans doute pour ça que le dépaysement est total on ne sait plus quel jour on est, on ne pense plus aux petits soucis occidentaux, on vit le moment présent, c'est ce qui est bien dans ce style de voyage.

Je me retrouve à nouveau sur le site de Soma Garden. J'ai la chance de plonger avec Carla et Yann, notre plongeur stabilisateur, en commun. Carla avec le masque facial et moi avec le tuba bravons le clapots et allons regarder les poissons clowns derrière le massif corallien. La maman de Carla, Valérie, nous rejoint un instant au-dessus de l'anémone habitée. On se régale !

Yann avec sa force tranquille nous surveille pendant que je montre à Carla les petits poissons bleus électriques en bans sans jamais toucher la nageoire de l'autre à chaque changement de direction. Un autre style de ban de poissons flûtes me surprennent avec leur gros yeux par rapport à la fine longueur de leur corps. Au même endroit, les plus chanceux croiseront une tortue placide nageant dans le courant. Nous finissons notre dixième plongée sur le site de Utopia Paradise ou le bleu turquoise et la beauté des récifs aura du mal à me lâcher. Après 1h30 dans l'eau je remonte à regret sur le bateau. Je retrouve gaiement mes deséquipeurs, le soleil, les copains et le vent qui n'aura pas cessé de la journée et qui fait le bonheur des kits surfeurs. Après quelques photos souvenirs, le bateau est amarré au ponton. Nous rentrons tranquillement à l'hôtel après avoir rincé nos affaires dans les caisses d'eau douce.

Road Trip to LOUXOR le dernier jour.  Un train d'enfer nous attend. L'heure du repas arrive aussi vite que le rendez-vous fixé à 5 h15 du matin pour partir visiter la ville de Louxor avec le bus. Nous sommes 13 courageux à nous être levés. Deux sont en fauteuils et moi, poussée en déambulateur par Pierre quand le terrain lisse le permet. Durant cette journée, nous sommes baignés à la foi dans le pays de l'Égypte actuelle et à la fois dans la civilisation des pharaons. Notre cerveau se retrouve projeté dans l'ancien monde. La visite du temple de Louxor est pharaonique. Ramsès II a fait construire ce Grand Palais pour pouvoir voir sa femme préférée 17 jours par an. 45 ha fait de colonnes , murs Sphinx, bélier, scarabée, obélisques, hiéroglyphes gravés décrivant des prières ou des scènes d'offrande , de guerre et énormément de portrait de Ramsès II le représentant avec sa petite femme préférée, Néfertari (13e siècle avant notre ère).Une découverte archéologique, en 1995, a permis de mettre au jour les sépultures des femmes et enfants de Ramsès II ; il s'agit du plus vaste ensemble funéraire de la Vallée des rois. Le guide nous raconte qu'il avait 150 femmes et 200 enfants.

On apprend aussi que ce n'était pas des esclaves mais des ouvriers avec un petit salaire qui ont construit le magnifique temple de Ramsès II. Dans les tombeaux, les chercheurs ont retrouvé des écrits datant d'avant Jésus-Christ où on lit le mécontentement des ouvriers (pas assez payés) comme les grèves de nos jours. Les Français n'ont rien inventé avec les gilets jaunes. Devant le lac sacré, la plus vieille piscine créée du monde, nous quittons le monde où la vie est très présente à l'est du Nil pour rejoindre le monde où il y a les tombeaux à l'ouest. Notre traversée s'effectuera sur un bateau, une mini croisière proposée où le thé, l'eau fraîche et les fruits découpés nous sont proposés. Notre guide adorable nous conduit dans un restaurant typique. Un escalier sans ascenseur nous conduit sur le toit ventilé d'une auberge de jeunesse. Comme une princesse, Emma est portée rapidement jusqu'à la table du restaurant. Sophie et moi la rejoignons tranquillement accompagnées de la suite du groupe. Nous la rejoignons devant un buffet princier et local où entrées plats desserts nous sont proposés. Notre digestion a lieu dans le bus climatisé. Nous quittons le temple de Louxor pour aller visiter les tombeaux somptueux composé de hiéroglyphes colorés de Ramsès II et celui de Ramsès IX. Nous quittons ces merveilles sous la pyramide naturelle et la couleur dorée de la lumière du soir. 4h30 de route nous attend pour rejoindre l'hôtel 5 étoiles de la marina ou tout se veut parfait. Si on ferme les yeux on a l'impression d'être dans un jeu vidéo avec leur petit klaxon où le son varie selon la situation. Escortés pour aller plus vite et pour quitter la ville de Louxor en toute sécurité nous rejoignons la route d'une seule voie pour les calèches et les petits ânes ne sont plus là pour traverser à leur bon vouloir. Nous arrivons à l’hôtel, vite, nous avons peu de temps, Pierre me pousse jusqu'au restaurant où nous mangeons version chrono ! Puis bref repos dans ma chambre où je rejoins Gaëlle et Denis avant de reprendre la voiture pour aller à l'aéroport de HURGHADA.

Ca y est, bagages sur le tapis, ronde des fauteuils et des déambulateurs dans les couloirs de l’aéroport. Nos joues rosies par le soleil nous rappellent combien nous avons profité de ce séjour à tous les niveaux. Ce stage HANDISUB organisé par la fédé a dépassé toutes mes espérances. Et que de belles rencontres ! Des gens de toutes les régions. Et rendez-vous compte, nous étions 86 participants, dont 37 plongeurs Handicapés 37 moniteurs et 12 aidants accompagnants… Quelle belle tribu ! Quelle aventure ! A refaire très vite …..

Et merci à tous les encadrants sur place, sans qui cette aventure n'aurait pas été possible !!